Pourquoi les petites voitures électriques abordables sont si rares en Europe ?

Vous souvenez-vous du temps où l'on pouvait s'offrir une petite citadine neuve pour moins de 10 000 euros ? Cette époque semble désormais révolue. En sillonnant les concessions automobiles françaises, j'ai constaté un phénomène inquiétant : la disparition progressive des petites voitures abordables, particulièrement en version électrique. Un véritable paradoxe à l'heure où l'on parle tant de mobilité durable accessible à tous.
Le crépuscule des petites citadines en Europe
Les chiffres sont implacables. Le segment des micro-citadines s'est effondré de près d'un quart en un an. Ces petits bijoux urbains qui faisaient la fierté de l'industrie européenne - pensez à la Twingo, à la Fiat 500 thermique ou à la Suzuki Ignis - ont progressivement disparu des catalogues.
La Dacia Sandero reste l'une des rares survivantes sous la barre des 15 000 euros. Quant aux modèles électriques à moins de 20 000 euros ? Une denrée rare, principalement représentée par des voitures conçues et fabriquées en Chine comme la Dacia Spring ou la BYD Dolphin Surf.
Pourquoi cette raréfaction ?
Le casse-tête de la rentabilité
La patine du temps n'y est pour rien. C'est plutôt l'accumulation de contraintes qui rend ces petites voitures difficiles à rentabiliser. Les normes européennes, toujours plus exigeantes en matière de sécurité et d'émissions, imposent des équipements coûteux. Ajouter des airbags, des systèmes d'aide à la conduite ou des filtres à particules sur une voiture vendue 15 000 euros relève de la quadrature du cercle pour les constructeurs.
Comme me l'expliquait récemment un concessionnaire : "Aujourd'hui, une petite voiture doit embarquer pratiquement autant de technologie qu'une berline, mais son prix de vente ne peut pas suivre la même courbe."
La stratégie des marges plutôt que du volume
Autre facteur : la stratégie commerciale des constructeurs. Beaucoup ont délibérément choisi de privilégier les marges sur les volumes. Vendre moins de voitures mais plus chères, souvent des SUV, s'est avéré plus rentable que d'écouler des petites citadines à faible marge. Le ronronnement des petits moteurs urbains s'est tu au profit du vrombissement des crossovers.
Astuce économique
Pour qui cherche encore une petite voiture neuve abordable, trois options restent viables : se tourner vers Dacia, explorer le marché des voitures d'importation chinoises, ou considérer les quadricycles électriques comme la Citroën Ami qui, sans être des voitures à part entière, offrent une solution de mobilité urbaine.
Quelles solutions pour l'avenir ?
L'espoir n'est pas totalement perdu pour les amateurs de petites voitures accessibles. Plusieurs pistes se dessinent à l'horizon :
- La création d'une nouvelle catégorie de véhicules inspirée des kei-cars japonaises, bénéficiant d'une réglementation allégée
- L'arrivée prochaine de la Renault Twingo électrique (2026), promise sous les 20 000 euros
- Le développement de versions Dacia encore plus abordables, potentiellement sous les 18 000 euros
- L'hybridation légère (mild-hybrid) qui permet de maintenir des prix contenus tout en réduisant les émissions
Entre-temps, les routes sinueuses de nos villes attendent avec impatience le retour de ces petites voitures au caractère bien trempé, qui ont fait la renommée de l'industrie automobile européenne.
- Les petites citadines abordables disparaissent des concessions françaises
- Normes de sécurité et stratégies commerciales rendent ces modèles peu rentables
- Seules alternatives : Dacia, importations chinoises ou quadricycles électriques
- Espoir avec la future Twingo électrique et l'hybridation légère moins coûteuse